Comme remède pour la mise en point de cette période, servons-nous de la littérature

…Juste la littérature soit-disant irréalist et lente. Il faudrait alors se demander si le moyen le plus lent qu’est la littérature puisse servir d’indicateur à pouvoir rendre possible des récations immédiates.

Pourquoi nous faisons cela ? Nous le faisons parce que nous sommes convaincus du contraire: La littérature découvre le point faible d’un système – et c’est exactement cette plaie qu’on appelle en allemand „le chien enterré“ ce qui veut dire la blessure décisive.

La littérature réagit à tout et elle traduit tout en paroles: des banalités mais aussi bien des choses importantes.

Elle atteint les profondeurs du temps et illumine des évolutions. Elle montre des contextes au lieu de se limiter à des faits.

Elle met au centre d’intérêt la perception des individus. Elle ne veut rien prouver mais montrer quelque chose.

Elle brûle de réel (réalité). Et elle ne reste pas à la surface des idées mais plonge dans la profondeur du côté caché de la réalité – celle des émotions et des sentiments. Et elle documente tous les mythes qui établissent des liens, des solidarités.

Bref, elle est plus dense, plus ambivalente, moins abstraite et donc plus concrète que la plupart des discours connus. („L’effet Werther“). Elle est le moyen idéal à exprimer la réalité intérieure d’une topographie.

Et c’est à ce rapport auquel Herta Müller faisait allusion en disant que la littérature rend plus résiliant contre un acte de mise en possession par d’autres. Ainsi, il n’est plus aussi facile d’être soumis ou submergé. C’est quelque chose à quoi on peut se relier. Quelque chose qui fait réfléchir sur les pires tournures que nous puissions nous imaginer).

Avec cette image du phénomène de la littérature en tête, nous sommes capables de nous munir face aux terrains conflictuels en Europe et dans le monde entier à l’aide de différentes méthodes. Pensons aussi à la conférence sur le Kosovo, les régions du Balkan ou comme au mois de mai sur l’Algérie ou le Maghreb.

Nous sommes préparés à nous y consacrer et toujours appliqués à rester fidèle aux événements sur place sans projeter notre façon de voir les choses sur d’autres réalités. Nous poursuivons des processus de lecture et de vie, nous localisons des profils d’émotions collectives et individuelles et des manques d’équilibre sur le plan émotionnel de sorte que nous pouvons faire des propositions précises.

Nos propositions peuvent être utiles à la vie politique, à découvrir des conflits qui se produisent à les affaiblir aussi bien que possible. Une tâche à laquelle l’Europe se verra confrontée de plus en plus, si elle se comprend enfin telle qu’elle soit : une zone, un territoire avec des roues, des ruptures, des ambiguïtés culturelles  qui entrechangent leurs côtés et qui parfois sont retenus par des mythes, des histoires, des narrations.

Ce qui importe, c’est que ces histoires représentent des anti-narrations contre la violence et la pression et qu’on peut les mettre en confrontation avec ces événements par moyen de la communication. Au moins, la langue pourra retrouver sa souveraineté face aux événements. Les nuances font partie de la réalité – il faut s’en apercevoir, leur donner leur espace et créer cet espace. Ceci sera le projet de pacification et de prévention le plus important des années à venir. Nous serions heureux d’être en mesure de contribuer de façon substantielle à ce développement.

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